« La nouvelle série d’Olivier Metzger est réjouissante. Non parce qu’il y est question d’un sourire éternel (celui d’une femme pho-tographiée de façon séquencée), mais surtout parce que le photographe renoue avec ce qu’il maîtrise le mieux : le mélange de registres. Dans sa nouvelle proposition, on trouvera quelques snapshots volés à la nuit, des portraits mis en scène ou non, des vues apparentées à un regard documentaire…
Malgré cette disparité apparente des formes choisies, le spectateur entre sans aucune difficulté dans ce monde. Car ce qui l’emporte, au-delà des étiquettes de genre, et ce qui règne sur ces images, envers et contre tout, c’est la puissance de la fiction.
L’imaginaire tout autant que notre esprit critique sont ici convoqués pour observer le quotidien fardé d’une femme qui se joue de manière paradoxale de son image, dont on peine à démêler ce qui nous fascine ou nous effraye. Bien décidée à composer avec le temps qui passe, elle assume dorénavant avec orgueil cet âge de la vie qui était, il n’y a pas si longtemps, celui de l’effacement.
Confinée entre l’exigence d’une vie sans cesse en mouvement, entre Europe et Amérique, et l’illusion d’un temps suspendu, sa destinée se dévoile dans les décors d’un ‹ road movie › chic et désespéré, entrecoupés de portraits directs et contrastés.
Au fil de cette chronique sans dénouement, de scènes diurnes en tableaux nocturnes, Olivier Metzger dresse le portrait énigmatique d’une femme qui affiche sa fragilité comme une affirmation de sa liberté jusqu’à instiller le trouble dans le regard de l’autre. »