« J’ai grandi avec ma famille dans une petite ferme des environs de New York. Alors que les centres commerciaux et les supermar-chés se développaient autour de nous, nous nous chauffions au bois, nous cultivions et stockions notre nourriture, troquions notre propre production contre tout ce dont nous avions besoin, des chaussures aux soins dentaires.
Mais pendant que ma famille suivait ces principes de retour à la nature, nous possédions trois tracteurs, quatre voitures et cinq ordinateurs… J’avais 18 ans. Ces intrusions modernes dans notre mode de vie rustique m’ont donné envie de découvrir des communautés complètement autonomes.
De 2006 à 2010, j’ai voyagé à travers le Sud- Est des États-Unis à la rencontre de ces gens qui avaient décidé de quitter la vie moderne des villes et des banlieues. À travers la photographie et nos discussions, je me suis lié d’amitié avec eux ; leurs motivations sont aussi bien écologiques que religieuses, mais elles sont aussi entretenues par la peur d’un effondrement économique. Ils construisent leurs maisons avec des matériaux trouvés sur place, tirent leur eau de sources locales, leur nourriture de la chasse, de la cueillette, de l’agriculture et de l’élevage.
Toutes les personnes photographiées sont bien décidées à conserver leur autarcie, mais je n’ai rencontré personne qui vive totalement isolé du courant actuel. Beaucoup d’entre eux ont des sites internet qu’ils mettent à jour grâce à leur ordinateur portable, des téléphones cellulaires qu’ils rechargent sur la batterie de leur voiture ou grâce à des panneaux solaires. Ils ne rejettent pas complètement le monde moderne mais restent en marge, n’y puisant que ce qui leur convient. »